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Gigounon peut et doit redonner l’envie de jouer à Goffin

Gigounon peut et doit redonner l’envie de jouer à Goffin

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L’amateur de tennis, comme la plupart des fans de sport, espère tellement vivre des exploits qu’il en perd parfois la notion même du jeu et du sport.

En Belgique, nous avons eu la chance d’avoir vécu des moments forts avec Kim Clijsters et Justine Henin qui ont toutes les deux été numéro 1 mondiale et qui ont gagné 7 et 4 tournois du Grand Chelem.

Depuis, le tennis féminin a encore offert quelques demi-finales en Grand Chelem (Wickmayer, Mertens et Flipkens) mais cela n’a pas rassasié les supporters. Quand on a goûté aux meilleurs plats, on devient difficile.

Changer

En messieurs, David Goffin est le joueur belge qui a été le mieux classé. Il a en effet été 7eme en fin d’année 2017, au terme d’une fin de saison sidérante qui l’avait vu battre Rafaël Nadal et Roger Federer au Masters de Londres.

Il est encore aujourd’hui 14ème mondial – ce qui est encore 5 places plus haut que le meilleur classement de Xavier Malisse – mais, malgré cela, certains fans ne cessent de le critiquer, estimant soit qu’il ne se bat pas assez sur le terrain, soit qu’il se contente de peu, soit encore qu’il manque d’ambition.

Vu des tribunes ou de son salon, il est aisé de croire qu’un joueur serait meilleur si on le changeait quelque peu.

Beaucoup ont ainsi avancé qu’Olivier Rochus aurait été plus fort s’il avait été plus grand. Pourtant, sa petite taille lui a donné des armes que les grands joueurs n’ont pas : acuité visuelle, vélocité, sens tactique.

D’autres ont regretté que Xavier Malisse ne soit pas plus consciencieux à l’entraînement, plus rigoureux en match et plus proche de sa ligne de fond. C’était oublier que X-Man avait un coup droit phénoménal quand il était loin du court. C’était oublier aussi qu’il avait besoin de ce grain de folie pour que son jeu s’exprime de manière optimale.

Xavier Malisse – © Optima Open
Xavier Malisse – © Optima Open

Je ne nie évidemment pas le fait que les coaches peuvent et doivent travailler avec leur joueur pour améliorer leur jeu, leur approche. Mais il est nécessaire, aussi, de faire attention à ne pas toucher à l’âme de son poulain.

Que serait devenu John McEnroe si on lui avait empêché de servir comme il le faisait ? Que serait devenu Jimmy Connors si on lui avait interdit de frapper son revers à deux mains, chose très rare à l’époque ? Que deviendrait Goffin si on lui demandait de changer totalement d’attitude ?

Le Liégeois est un joueur atypique. Ce n’est pas un grand frappeur, ce n’est pas un grand volleyeur, ce n’est pas un grand serveur. Par contre, il comprend le jeu, lit les services adverses comme le faisaient Michael Chang ou Andre Agassi, se déplace tel un félin et dispose d’un œil hors du commun. Il est, sans nul doute, l’un des joueurs les plus complets de sa génération.

Arme fatale

Mais il ne dispose pas d’une arme fatale qui permet, surtout en Grand Chelem, de se sortir de situations compliquées. C’est ce qu’ont fait Malisse et Filip Dewulf avec entre autres leurs coups droits pour aller en demi-finale à Wimbledon et Roland Garros, alors que Goffin a dû, pour le moment, se contenter de quarts de finale.

Est-ce à dire que Malisse et Dewulf étaient meilleurs que Goffin ? Non, mais sur un tournoi, ils avaient cette capacité à se transcender grâce je le répète, à une arme fatale.

Que La Goff ne possède pas. Ce qui explique qu’il peut parfois donner l’impression de passer à côté d’un match car si son jeu ne se place pas totalement, il devient un joueur ‘moyen’ qui ne parvient pas à s’en sortir soit par un gros service, soit par un coup droit magique.

Par contre, quand tout se met en place, Goffin est un véritable Top 10, capable de battre tout le monde. Du moins sur un match en deux sets gagnants. Pour que ce jeu se mette en place, il est indispensable que Goffin n’oublie pas la base du tennis : il doit s’amuser. Il doit, c’est un peu bête de le dire : jouer au tennis. Au cours des derniers mois, il a trop souvent semble-t-il perdu cette envie de jouer.

David Goffin - © Simon Bruty (USTA)
David Goffin – © Simon Bruty (USTA)

Germain Gigounon

C’est en grande partie pour cette raison qu’il a choisi Germain Gigounon comme coach à la place de Thomas Johansson. Gigounon n’est pas un coach encore fortement expérimenté mais il a un avantage que personne d’autres n’a sur le circuit: il connait Goffin depuis leur adolescence – ils étaient au Centre de Mons – et ils sont amis.

Cette complicité est nécessaire pour que Goffin, précisément, retrouve le goût de jouer. A trente ans, il n’est plus question de modifier complètement son jeu.

Il n’est pas question non plus, de lui demander de s’extérioriser à la manière d’un Nick Kyrgios ou d’un Fabio Fognini. Comme dit plus haut, changer le caractère d’un joueur constitue toujours un délicat travail car, en lui demandant de se comporter hors nature, il peut perdre de sa confiance en lui ou de son envie de jouer. Goffin n’est pas et ne sera jamais un extraverti. Il faut l’accepter.

David Goffin en Germain Gigounon - © David Goffin (Facebook)
David Goffin en Germain Gigounon – © David Goffin (Facebook)

Le job de Gigounon sera donc non pas de modifier le jeu ou le caractère de Goffin mais, et c’est déjà énorme, de lui redonner l’envie. L’envie d’avoir envie.

Gigounon est un enthousiaste forcené qui vit sa passion avec fougue et plaisir. Si lui ose dire à son ami ses quatre vérités,  il pourra redonner le plaisir du jeu à Goffin. Lequel a d’ailleurs été en demi-finale du premier tournoi de l’année, après avoir sauvé plusieurs balles de match au premier tour, ce qu’il n’aurait pas réussi à faire il y encore quelques semaines.

Sa défaite face au jeune Alcaraz à Melbourne n’est pas inquiétante car tous les joueurs du Top 250 sont capables, sur un jour, de battre n’importe qui. Et le grand espoir espagnol a réellement sorti un match parfait.

L’Australian Open sera par contre très intéressant car Goffin a devant lui un tableau tout à fait à sa portée pour les premiers tours. Mais attention : il faut arrêter de croire que tous les joueurs – même ceux que l’on adore – sont capables d’entrer et de rester dans le Top 5.

Goffin est un formidable champion, qui a été 7ème mondial et qui est encore dans le Top 20. Et, en tennis masculin, être dans le Top 20 constitue un véritable exploit.

Le numéro 1 belge peut y rester encore quelques saisons et nous offrir encore quelques grands résultats. Gigounon et lui forment un duo complémentaire qui devrait pouvoir fonctionner. Mais il est nécessaire d’être un peu patient pour que la combinaison du feu et de l’eau donne des résultats.

David Goffin en Germain Gigounon - © Patrick Haumont
David Goffin en Germain Gigounon – © Patrick Haumont

Patrick Haumont

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